• Ill. 1 : Donatien Nonnotte, Portrait de Jacques Joliclerc, huile sur toile, Lyon, Musées Gadagne (inv. 182).

D’abord élève du sculpteur parisien Jean-Baptiste Dupont, jusqu’à sa mort en 1755, Clément Jayet s’établit rapidement à Lyon où il réalise à la fois une honorable carrière de portraitiste et des travaux importants pour la sauvegarde du patrimoine. Dans leur Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art du Lyonnais, Marius Audin et Eugène Vial (1918) apportent quelques précisions sur les activités de Clément Jayet : « De 1771 à 1772, il est occupé aux travaux de restauration de l’église du chapitre de Salles-en Beaujolais. En 1774, il passe un prix-fait avec Delaforest, custode de l’église Sainte-Croix de Lyon, pour la chaire à prêcher en bois de noyer et tilleul et toute son ornementation sculpturale.» Il sculpte par ailleurs des Anges adorateurs pour des couvents ou des monastères aujourd’hui déposés dans les églises de Nantua et de Pont-de-Vaux. Entre 1780 et 1793, il est professeur à l’École de dessin de Lyon et répond à des commandes principalement privées. Pendant les troubles révolutionnaires, Jayet s’engage fortement avec Pierre Cogell pour la préservation des oeuvres du passé, en particulier le Rhône et la Saône des frères Coustou, qu’il parvient à sauver de la fonte, et dresse un inventaire complet des sculptures mises en réserve par le Museum.

L’une de ses réalisations les plus spectaculaires fut très certainement la statue de la muse Uranie (2,92m) juchée en 1768 sur la colonne monumentale du Méridien, en face de l’église Saint-Bonaventure. De cette sorte de cadran solaire inscrit dans l’urbanisme, photographié par Louis Froissart en 1854 et détruit en 1858, seule la tête aurait été retrouvée il y a une dizaine d’années1.

Dans le genre du portrait, Clément Jayet s’est illustré en représentant des personnalités essentielles de la vie artistique et politique lyonnaise. L’Académie de Lyon conserve un buste figurant le peintre Donatien Nonnotte (présenté au Salon de Lyon de 1786) et un autre fixant les traits du dessinateur et graveur Jean-Jacques de Boissieu. Le musée des Beaux-Arts a acquis dans les années 1980 une terre cuite figurant Antoine Berjon (1788). Enfin, le Rijksmuseum d’Amsterdam possède un buste du révolutionnaire lyonnais Joseph Chalier.

Notre buste représente Jacques Joliclerc (1710-1787) en échevin de la Ville de Lyon, charge qu’il occupe en 1763 et 1764, après avoir été avocat à la cour de Lyon puis recteur de l’Hôtel-Dieu. En même temps que notre sculpture, Joliclerc commande un portrait peint à Donatien Nonnotte (conservé au Musée Gadagne). Dans les deux cas, les attributs de la fonction municipale, une robe de brocart et une perruque ornée de chignons latéraux, sont mis en évidence. Que ce soit dans la mise en espace de la figure, dans son expression ou le traitement du modelé, Clément Jayet doit beaucoup à l’observation des sculptures d’Augustin Pajou (1730-1809), son exact contemporain, qui a particulièrement apporté à l’art du portrait sculpté au milieu du XVIIIe siècle. Le sculpteur lyonnais fut d’ailleurs parfois confondu avec lui et notre buste lui a été, un temps, faussement attribué (inscription au dos). Mais le portrait de Jacques Joliclerc, relativement tôt dans la carrière de Jayet, revêt avant tout un caractère officiel et assez strict. Nous n’y trouvons pas encore l’ironie ou la fougue des portraits plus tardifs dans lesquels les expressions du visage sont davantage exacerbées. (G.P.)

 

1. Voir la correspondance dans le dossier Clément Jayet  de la documentation du musée des Beaux-Arts de Lyon.

 

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