Les dictionnaires n’apportent que peu d’information sur Fabien Van Risamburgh, sinon qu’élève de Révoil à l’École des beaux-arts de Lyon en 1812-1813, il devint dessinateur pour la Fabrique et n’exposa au Salon de Lyon qu’occasionnellement, en 1824 et 1826. Ses notices biographiques ne disent pas que les Van Risamburgh arrivèrent de Hollande au XVIIe siècle, que Joachim (1699-1756), architecte, est le premier membre identifié de la branche lyonnaise, que son fils Jean, père de Fabien, dirigeait une fabrique de soierie et qu’il fut un client notable de Chinard : le Getty Museum conserve de l’artiste une Allégorie de la famille Van Risamburgh de 1790; Jean est également le commanditaire de la paire de candélabres républicains qui valurent au sculpteur d’être emprisonné dans les geôles vaticanes en 1792. Les archives privées
de la famille de son exécuteur testamentaire et légataire universel sont plus prolixes1. Elles nous apprennent que devenu maire d’un village de Saône-et-Loire, Saint-Gengoux-le-National, et resté sans enfant, Fabien légua tous ses biens à un fils spirituel, Jean-Baptiste Rivet, fils du coutelier local. C’est par les descendants de ce dernier que nous est parvenu le fonds d’atelier du peintre dilettante, essentiellement composé de dessins, d’études académiques ou prises sur le vif et de quelques tableaux de genre. Un carnet de croquis utilisé entre 1830 et 1840 atteste de voyages en Suisse, en Italie et en Autriche où il reçoit l’hospitalité de Louis de Bombelles, beau-fils de l’ancienne impératrice Marie-Louise devenu ministre à la cour de Ferdinand Ier. Atteint du choléra à Schönbrunn en 1840, il est soigné par le médecin de l’Empereur.


Les Van Risamburgh s’établirent près de Saint-Gengoux en 1820 lorsque Jean hérita du manoir de Burnand que lui légua son frère. Plus encore que Jean, ses fils Victor et Fabien nouèrent une relation de confiance avec la famille Rivet qu’ils associèrent aux activités agraires du domaine et Fabien devint une  sorte de tuteur de Jean-Baptiste Rivet fils. Daté de 1817, le Portrait d’un demi-solde pourrait faire remonter ces liens avant l’acquisition du manoir par les Van Risamburgh, car le costume militaire invite à identifier le modèle à Jean-Baptiste Rivet père (1794-1875), naguère enrôlé dans la Grande Armée au titre de la conscription en 1813, devenu brigadier de dragons et resté fidèle à l’Empereur durant les Cent-Jours. Une descendante a consigné la légende de l’aïeul blessé à Waterloo, gisant sous des cadavres tombés sur lui sur le champ de bataille, puis échappant aux Autrichiens dissimulé dans les bois pendant trois jours avant de pouvoir rejoindre sa Bourgogne natale. La longue barbe fournie, aussi hirsute que la chevelure, caractérise bien le statut de demi-solde du jeune grognard de vingt-trois ans. Seul le chevron ornant la manche gauche fait peser un doute sur cette hypothèse, car il est le code de dix années d’ancienneté dans l’armée. Ce dessin, le plus grand et le plus achevé aujourd’hui connu de Fabien Van Risamburgh, témoigne de la volonté du jeune artiste de produire une oeuvre de maîtrise en élevant la technique du crayon noir au niveau de l’exercice de virtuosité, comme en témoigne le souci de perfection dans le modelé du visage. (M.K.)

 

 

 

 

1. Selon la Commission Van Risamburgh composée d’érudits locaux, le peintre serait l’arrière-petit-fils de Bernard I Van Riesen Burgh (1670-1738), fondateur de l’illustre dynastie d’ébénistes parisiens d’origine hollandaise. Voir André Thévenin, « Fabien Van Risamburgh », Bulletin de la SEHN, 1999, p. 97-103.
2. Les éléments de cette notice proviennent des archives de la famille acquises par la galerie avec une partie fonds d’atelier de l’artiste. Elles contiennent une biographie tapuscrite de la famille Rivet au XIXe siècle, par Marie Sire, Une famille française de 1813 à 1875, datant de 1943-1945, ainsi que des notes diverses sur les différentes branches de la famille. Fabien Van Risamburgh y apparaît en diverses occurrences.

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