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(Bruxelles, 1637 – Venise, 1677)
La Présentation au Temple
Huile sur toile, 72 x 86,8 cm.
Provenance
– Collection vénitienne, XVIIIe siècle (?).
– Collection Robert Strange, sa vente, Londres, 10 décembre 1789 et jours suivants, lot 75 (?).
Bibliographie
Inédit.
La vie et l’œuvre de Valentin Lefèvre, longtemps confondu avec deux homonymes1, connaissent un nouvel éclairage à la suite des travaux d’Ugo Ruggieri. La découverte de son testament rédigé à Venise le 21 août 1677 et de son acte de décès2 définit avec plus de précision la chronologie d’une carrière malheureusement brève. Valentin Lefèvre est certainement passé par Paris après 1654, comme en témoigne une copie dessinée d’après Laurent de La Hyre qui souligne son intérêt pour l’atticisme parisien3. La date précise de son arrivée à Venise ne nous est pas connue, cependant il est nécessairement dans la lagune avant 1664 : la copie du Repas chez Simon de Paolo Véronèse l'atteste, puisque l’oeuvre originale était exposée dans le réfectoire du couvent des Servites avant d’être offerte par la République de Venise à Louis XIV cette même année, et transportée à Paris par les soins de Pietro Vecchia et Pietro Liberi. Cette copie donne à voir pour la première fois l’intérêt de Lefèvre pour la peinture de Véronèse, qu’il diffuse par l’intermédiaire de l’estampe : il grave une cinquantaine de compositions, interprétations d’après les maîtres vénitiens du Cinquecento pour la plupart, parues dans le recueil posthume Opera selectiora en 16824.
À son sujet, Luigi Lanzi, l’un des pères de l’histoire de l’art italienne moderne, a écrit ces lignes : « Valentin le Febre de Bruxelles a été omis par Orlandi ; et nombre de ses estampes d’après les œuvres de Paolo [Véronèse] et des meilleurs Vénitiens sont attribuées à un autre le Febre. Il peignit peu, et toujours suivant les traces de Véronèse, dont il fut l’un des copistes et imitateurs les plus heureux. Ses visages n’ont rien d’ultramontain, son coloris rien de son siècle vilain ; sa touche est puissante, mais n’offense pas. Ses petites peintures sont recherchées et très finies5. »
La Présentation au Temple doit certainement compter au rang de ces « petites peintures […] recherchées et très finies » citées par Luigi Lanzi. Elle présente de nombreuses analogies avec des compositions de la pleine maturité de l’artiste exécutées dans le courant des années 1670, telles que L’Évanouissement d’Esther devant Assuérus (ill. 1) ou Le Sacrifice de Salomon6. S’y opère une synthèse entre l’art du maître vénitien et la manière parisienne de la fin du règne de Louis XIII marquée par Simon Vouet. Valentin Lefèvre lui emprunte la structure architecturale de pièces de la tenture de l’Ancien Testament, certainement par l’intermédiaire des gravures de François Tortebat publiées en 16657 : il développe un espace d’une belle amplitude, vu da sotto insu, rythmé par les colonnes salomoniques et ouvert à l’arrière-plan sur un décor de niche à coquille qui lui donne sa profondeur. Tout comme le dispositif des colonnes, les figures féminines contournées au premier plan évoquent autant Paolo Véronèse que l'interprétation que Pierre Paul Rubens fait de la peinture vénitienne8. S’il regarde d’abord le maître, Valentin Lefèvre n’est pas un copiste servile et sait composer avec talent un néo-vénétianisme qui puise aussi aux sources de la peinture baroque du XVIIe siècle.
Notre tableau est documenté par un dessin préparatoire passé par la collection « The Reliable Venetian Hand » qui présente très peu de variantes9 (ill. 2). Une Présentation au Temple autrefois propriété de Robert Strange, réputée perdue jusqu’à ce jour, pourrait lui correspondre10. (M. P.)
Shorten
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