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(Lyon, 1658 - id., 1738
Saint Bruno en prière, 1701
Gouache sur vélin
16 x 20 cm
Signé et date en bas au centre : SIMON DEMASSO F 1701
La redécouverte du corpus de l’artiste Simon Demasso, très lié au milieu de l’estampe et de la librairie lyonnaise, avance patiemment. Simon naît le 8 juillet 1658 d’un père marchand-libraire, éditeur et graveur d’estampes, François Demasso. Encore mineur à la mort de ce dernier en 1676, il est placé sous la tutelle de son oncle Guillaume Demasso, marchand-libraire et relieur de livres, avec son frère Michel-François et sa soeur Anne1.
La généalogie des Demasso mérite que l’on s’y attarde encore davantage car la famille s’avère être liée aux Stella. Tandis que la mère de Jacques Stella porte le nom de Demasso, Claudine Bouzonnet Stella indique dans son testament que Simon et Michel-François comptent parmi ses cousins issus de germains2. Elle lègue au premier presque toute sa collection de dessins – dont une partie rejoindra la collection du grand amateur Pierre Crozat3 –, des estampes, ainsi que ses couleurs. Dans ce testament rédigé par Claudine Bouzonnet Stella, Simon Demasso est décrit comme peintre. Mais, à ce jour, seules deux oeuvres de sa main sont identifiées, dont plus récemment notre Saint Bruno en prière.
Pour autant, nous ne nous éloignons pas du milieu de l’image imprimée. Le Saint Bruno en prière prend pour modèle une invention de Philippe de Champaigne4, très certainement par l’intermédiaire de l’estampe qu’en a tirée Nicolas Bazin, graveur et éditeur reconnu de figures de dévotion (ill. 1). Quant à la seconde oeuvre de Simon, de même technique et datée 1704, elle copie une composition d’Antoine Coypel interprétée par le graveur Louis Simonneau5. Vraisemblablement graveur lui-même, en particulier pour l’illustration de livres6, Simon Demasso puise manifestement ses sujets parmi un fonds d’images gravées.
Peint à la gouache sur vélin, le saint est auréolé d’une grande douceur. Les rochers cotonneux aux nuances rosées soulignent la délicatesse des carnations des lèvres ou des mains, par contraste avec la blancheur du scapulaire, tandis que la nature entrevue derrière ce paysage immatériel rétablit la scène dans l’espace.
Le choix de ce médium donne sa singularité à une image de dévotion en accord avec l’intimité de la prière, interprétation raffinée d’un modèle qui a dû connaître un certain succès à partir des années 1650. (M.P.)
1. Sylvie Martinde Vesvrotte, Dictionnaire des graveurs-éditeurs de marchands d’estampes à Lyon, aux XVIIe et XVIIIe siècles, Lyon, 2002, p. 59.
2. Jules-Joseph Guiffrey, « Testament et inventaire des biens, tableaux, dessins, planches de cuivres, etc., de Claudine Bouzonnet Stella, écrits et rédigés
par elle-même, 1693-1697 », Nouvelles Archives de l’Art Français, 1877, 1re série, VI, p. 1-113.
3. Pierre-Jean Mariette, Description sommaire des desseins des grands maistres d’Italie, des Pays-Bas et de France, du cabinet de feu M. Crozat…, Paris, 1741, p. vii.
4. L’original est aujourd’hui à Stockholm, Nationalmuseum, Inv. NM 6688.
5. Lyon, musée des Beaux- Arts, Inv. 1987-10. Voir Gilles Chomer, « Une gravure de Michel Demasso d’après un dessin de Jacques Stella », Travaux de l’Institut d’Histoire de l’Art de Lyon, n° 12, 1989, p. 72.
6. Marius Audin et Eugène Vial, Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art lyonnais, I, Paris, 1918, p. 264-265.
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