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(Rome, 1750 – id., 1799)
Étude pour Le Martyre de saint Bénigne, avant 1774
Plume et encre brune, lavis brun
34,7 x 20,5 cm
Bibliographie
Inédit.
Giuseppe Cades occupe une place à part dans l’école romaine de la fin du XVIIIe siècle. De son père français originaire de Toulouse, rebaptisé Cadeotti dès lors qu’il s’installe à Rome, il a conservé le patronyme non italianisé pour exprimer sa singularité. Exceptionnellement doué pour le dessin, il se forme dans le cadre de l’Accademia di San Luca, mais choisit de suivre l’apprentissage de Domenico Corvi, l’un des maîtres les moins inféodés à la tradition marattesque qui a conditionné l’évolution de la peinture à Rome tout au long du siècle. En 1766 il est le lauréat du concours de dessin de l’académie (Le père de Tobie recouvrant la vue), mais l’originalité de sa proposition déplaît à son maître, avec lequel il rompt. Cades se forme dès lors à la peinture par lui-même, en copiant les maîtres du Cinquecento. Il se libère de la tradition baroque en imitant Raphaël et Michel-Ange et en assimilant les codes maniéristes de leur siècle – figure serpentine, excès dans les ornements, imitation de l’antique. Il cherche par ailleurs la compagnie d’artistes étrangers, Français, Allemands, Scandinaves, lesquels développent les tendances les plus modernes dans l’ordre de l’invention poétique autant que du beau idéal.
Cades reçoit sa première commande officielle au début des années 1770 du cardinal delle Lanze, commanditaire des travaux de rénovation de l’abbaye de San Benigno di Fruttuaria, à San Benigno Canavese, dans la province de Turin. Il est possible que le cardinal Albani ait désigné cet élève talentueux de Corvi pour lancer sa carrière. Jusqu’à l’acquisition, par le musée du Louvre, du dessin de présentation de cette toile de grand format livrée en décembre 1774 (ill. 1), on ne connaissait qu’un seul dessin préparatoire1 (ill. 2). C’est sur la base de cette feuille qu’a pu être attribué notre dessin qui présente les mêmes figures barbues griffonnées d’une plume vigoureuse. Il s’agirait, selon Maria Teresa Caracciolo2, d’une première pensée pour le tableau, les « extravagances de l’écriture » s’inscrivant parfaitement dans les recherches graphiques du jeune Romain contaminé par les innovations des Scandinaves, tels Sergel et Masreliez. (M.K.)
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