A partir du 2 octobre 2014, la galerie Michel Descours est heureuse de vous accueillir pour sa nouvelle exposition consacrée à ses acquisitions récentes, Varia 2014 - peintures et dessins de Soreda à Balthus.


 

Depuis l’instauration de notre rendez-vous annuel de présentation des dernières acquisitions de la galerie, avec Paysage de Dughet à Caillebotte d’abord, en 2010, puis avec notre florilège de Varia, dont nous présentons cette année la troisième édition, notre public s’est familiarisé avec certains noms qui nous sont chers. S’il ne sera donc pas surpris de retrouver certains des grands artistes de l’école lyonnaise – Blanchet, Cretey, Stella, Berjon, Orsel, Puvis de Chavannes, Raine –, nous espérons qu’il le sera davantage par les œuvres inédites ou retrouvées que nous lui livrons à nouveau. Le XVIIe siècle lyonnais est encore particulièrement à l’honneur. L’attachante Marie-Madeleine enrichit de l’épisode de la repentance l’histoire de la sainte racontée par Jacques Stella pour plaire aux amateurs. Autre nouveauté, plus surprenante, faite en Suède sous une trompeuse attribution au cercle de Dughet : Tobie enterrant les morts de Louis Cretey, grande version d’une composition connue par un exemplaire fragmentaire qu’elle réinterprète sur le mode du bizarre, en élargissant le chaos qui lui tient lieu de paysage. Quel bel étendard, dans notre époque troublée, que l’image de L’Amour nourri par l’Espérance de Thomas Blanchet ! Ce caprice romain de la meilleure facture n’avait plus été vu depuis sa première apparition dans une vente publique il y a trente ans ; nous sommes heureux d’annoncer qu’il va entrer dans les collections du musée des Beaux-Arts de Valence, dont il complétera avec pertinence la collection de tableaux de ruines, déjà célèbre par son exceptionnel ensemble d’Hubert Robert. Deux imposants tableaux d’autel complètent la représentation du XVIIe siècle lyonnais ; dus à Adrien Dassier, Saint Benoît et Sainte Scholastique sont d’un intérêt patrimonial notable, témoignant non seulement de la valeur de cet artiste très rare, mais aussi d’une institution religieuse lyonnaise disparue avec la Révolution, l’Abbaye de la Déserte, dont ils ornaient l’église. Il ne nous avait jamais été donné, en près de quarante ans d’exercice, de présenter une peinture d’Antoine Berjon, artiste extrêmement rare dans ce médium. Cette lacune est comblée par un chef-d’œuvre qui condense toute l’originalité du maître de la nature morte, en alliant la virtuosité illusionniste au sens des associations de matière incongrues : la châtaigne ouverte, hérissée de piquants, se détachant sur le fond éclatant comme de l’albâtre d’un pain de sucre cubique, est d’une confondante maestria. Nous avons aussi la chance de pouvoir remettre dans la lumière l’exquise Jeune femme couronnée de cerises de Puvis de Chavannes, restées en mains privées depuis que l’artiste en a fait don à un médecin célèbre de son temps. On ne peut dire de toute œuvre inédite qu’elle manquait au catalogue d’un artiste ; c’est pourtant le cas de cette délicate aquarelle qui éclaire d’une nuance nouvelle le rapport du peintre à l’étude d’après le modèle, qu’il poétise ici sans l’idéaliser. De l’univers lyonnais toujours, Jean Raine, ce fondateur bruxellois du mouvement CoBrA, expatrié sur les bords du Rhône, est présent avec Le Philosophe angora, exercice fascinant de création hallucinatoire de 1963.


Mais la surprise vient aussi d’œuvres créées hors des frontières de notre région. La sélection s’ouvre avec un panneau dû à un peintre rarissime de la Renaissance espagnole : il suffit de dire que les œuvres de Juan Soreda en circulation ou conservées dans des musées se comptent sur les doigts d’une main pour comprendre le caractère exceptionnel de notre Mariage de la Vierge. Il permet d’appréhender l’art de cet émule castillan de Raphaël que l’on ne peut par ailleurs vraiment découvrir qu’à la cathédrale de Sigüenza et à San Pelayo d’Olivares de Duero. L’Annonciation de peinte par Nicolas de Hoey pour la chapelle du château de Sennecey-le-Grand est une autre rareté ; signée et datée de 1580, elle est un témoignage précoce de l’activité bourguignonne de ce petit-fils de Lucas de Leyde, devenu peintre du roi Henri IV. Qui connaît aujourd’hui le Marseillais Jean-Jacques Forty ? Les quelques tableaux conservés de lui n’auraient pu amener à lui attribuer notre Etude d’homme barbu, puissant morceau de peinture, s’il n’avait été signé. Lorsque nous présentions la Scène de musique de Navez l’an dernier, nous ne pensions pas qu’il nous serait donné d’acquérir une autre œuvre capitale de cet artiste belge le plus célèbre de son temps. L’Obole de la veuve est une peinture d’histoire très ambitieuse, qui fusionne les influences de Raphaël et de Philippe de Champaigne dans un merveilleux festin de couleurs. Le portrait équestre grandeur nature de Pepe Hillo est une chose unique dans l’œuvre d’Eugenio Lucas Velázquez, il montre que ce continuateur de Goya est capable de se mesurer avec succès à la grande tradition hispanique, que revendique d’ailleurs son patronyme d’adoption. Si Lanskoy a beaucoup produit, les grands formats ne sont pas fréquents, et peu d’entre eux constituent d’aussi incontestables chefs-d’œuvre que Le Drapeau noir, composition jubilatoire dans laquelle le futurisme résiduel épouse les empâtements de l’école de Paris la plus allègre. Balthus afin enchante par le mystère que diffuse les formes de deux jeunes filles enlacées dans le sommeil, qui n’est pas qu’érotique, et pourrait tout aussi bien être une image double de la psyché.


 

Artistes


Balthasar Klossowski de Rola (dit Balthus), Thomas Blanchet, Oskar Bergman, Antoine Berjon, Jean Joseph Xavier Bidault, Merry-Joseph Blondel, Armand-Charles Caraffe, Louis Cretey, Christen Dalsgaard, Adrien Dassier, Ferdinand Marie Delavaux, Gaspard Dughet, François Eisen, François Xavier Fabre, Eric Forbes-Robertson, Jean-Jacques Forty, Nicolas de Hoey, Per Kirkeby, Theodor Frederik Kloss, André Lanskoy, Robert Le Vrac Tournières, Bruno Liljefors, André Masson, Jean Messagier, François-Joseph Navez, Victor Orsel, Carl Theodor von Piloty, Pierre Puvis de Chavannes, Jean Raine, Francisco Rizi, Juan Soreda, Léon Spilliaert, Jacques Stella, Eugenio Lucas Velázquez.



Publication


La galerie édite un catalogue de 112 pages qui documente la quarantaine d’œuvres exposées.
Acheter le catalogue à la librairie Michel Descours.

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