Cette œuvre représentant la Vierge et l’enfant est un tableau de chevalet que nous inscrivons au catalogue du peintre d’histoire André Boisson. Contemporain de Jean Daret et de Pierre Puget, Boisson fut un élève de Reynaud Levieux. Il acheva ensuite, durant dix ans, sa formation à Rome, où le rejoignit son maître, qui l’épaula sans doute dans le lancement de sa carrière. De retour à Aix en 1676, il dirigea un atelier parmi les plus actifs en Provence jusqu’en 1717 et devient membre puis recteur du Corps académique des peintres et sculpteurs d'Aix à partir de 1695.

De retour de Rome, Boisson se signala par l’obtention d’un important contrat avec la Cour des Comptes d’Aix afin de décorer un cycle de six tableaux illustrant la vie de la Vierge pour leur chapelle. Il réalise dans le même temps un autre ensemble de trois œuvres représentant l’histoire de Marie-Madeleine pour le chœur de la basilique Saint-Maximin. Boisson se fit une spécialité des modèles féminins. Ces motifs, auxquels il confère une physionomie déliée et dansante, caractérisent son savoir-faire et tout comme son maître Reynaud Levieux, il remploie de manière littérale les mêmes figures dans différentes compositions pour que l’on puisse distinguer sa main.

Deux tableaux, une Naissance de la Vierge à l'église de la Madeleine d'Aix datée de 1678 (ill. 1) et un Moïse sauvé des eaux du musée des Beaux-arts de Marseille datant des années 1680, en attestent et permettent de cerner le type de Vierge peint par André Boisson. Les figures d'enfants ainsi que la hardiesse de la touche signalent un maître formé à Rome. L’œuvre porte à l’arrière de la toile l’inscription : « del padre Posso / num°5 » suggérant une provenance italienne de l’ouvrage, la numérotation indiquant sans doute un inventaire de collection. Selon Marie-Christine Gloton, Boisson aurait peint surtout des petits et moyens formats conservés dans des collections privées et quelques institutions muséales[1]. La redécouverte de cette œuvre illustre de façon magistrale une production qui contribua à fixer la réputation de l’artiste en Provence durant plus de quatre décennies.

                                                                                                                             Laetitia Pierre-Henry

 

 

Ill.1, André Boisson, Naissance de la Vierge, Aix-en-Provence, église de la Madeleine.

 

[1] Henri Wittenhove (dir.), La peinture en Provence au XVIIe siècle, cat. exp., Marseille, musée des Beaux-arts, Palais Longchamp, Juillet-octobre 1978, Marseille, Editions Jeanne Lafitte, 1978, p. 10–12.

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