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(France, milieu du XVIIème siècle — Toulouse ?)
Vierge
1656
Détrempe sur parchemin
62 x 51 cm
Signé et daté en bas à gauche : « Daniel Durand / fecit. 1656. »
Bibliographie
Inédit.
Daniel Durand est, à l'heure actuelle des études, un véritable mystère. Aucune information biographique ne peut être trouvée à son sujet, ni dans les dictionnaires ou répertoires consacrés aux artistes, ni dans les archives de la Bibliothèque Nationale de France ou du musée du Louvre[1]. On peut supposer qu'il est né dans la décennie 1620-1630 étant donné que les deux seules oeuvres connues (signées et datées) datent du milieu des années 1650. Malheureusement, le nom, particulièrement commun, ne permet pas de faire de distinctions, ni de deviner exactement s'il y avait une famille de peintres. Nous connaissons cependant l'existence d'une nature morte représentant un groupe d'oiseaux et un chardon dans une collection privée américaine, signée et datée (1655) (ill. 1).
Si cette nature morte rappelle des exemples de peinture nordique quant au caractère détaillé et scientifique, sa technique ainsi que la signature permettent cependant de la rattacher au corpus de notre peintre et à celui de la peinture française. En effet, le modèle de notre Vierge pourrait faire écho aux madonnes peintes par Nicolas Loir et gravées ensuite par Jean Boulanger. Durand, en éliminant les mains et en modifiant l'attitude du visage, a fait de cette Vierge une élégante matrone romaine, drapée à l'antique, le visage placé de trois-quarts, comme dans les meilleurs portraits de l'époque romaine.
L'ensemble de l'iconographie démontre la relation avec le monde classique et la Renaissance : la Vierge est en effet placée au-delà d'un parapet, à l'instar des représentations sacrées ou des portraits du milieu du XVème siècle, d'Antonello da Messina à Giovanni Bellini par exemple, dans lesquels le peintre signait et datait l'œuvre sur le marbre même qui sépare notre monde du monde peint, correspondant dans ce cas à l'espace sacré. L'ensemble de la composition est également enfermé dans un trompe-l'œil représentant un cordon tissé en or et d'une bordure sombre qui pourrait être interprété comme une sorte de passe-partout en cuir, peut-être une référence à la reliure des manuscrits les plus précieux. Le cadre pourrait également faire allusion à l'univers de la gravure, qui prévoyait des bordures architecturales simples ou plus richement décorées, notamment dans le domaine du portrait. La finesse d’exécution de notre œuvre est particulièrement visible dans la douceur du colori et les contrastes de lumière du visage de la Vierge, ainsi que dans le jeu des draperies, savamment modélées par un effet de clair-osbcur.
Luca Fiorentino (trad. S. A.-T.)
Ill. 1. Daniel Durand, Groupe d’oiseaux et chardon, détrempe sur parchemin, 24,3 x 33 cm, Philadelphie, Arader Gallery.
[1] Émile Bellier de la Chavignerie, Dictionnaire général des artistes de l'École française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours [...], Paris, 1882-1885, sous le nom de Durand: « peintre; nè à Toulouse, mort dans la même ville, sous le règne de Louis XIV - Dètails biographique inconnus », p. 494; Léon de Laborde, Répertoire alphabétique de noms d'artistes et artisans des XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles, relevés dans les anciens registres de l'État civil parisien, (BNF, Département des manuscrits. NAF 12100, Gallica online),
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