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(Aix-en-Provence, 1643 – 1672)
Portrait d’homme (autoportrait de l’artiste ?)
1660
Huile sur toile
43 x 35 cm
Annoté au verso sur la toile : « Laurent Fauchier d’Aix »
Bibliographie
Inédit.
Depuis son apparition sur le marché de l’art, ce portrait d’homme au regard intensément hypnotique et à la sensualité exacerbée n’a cessé d’animer l’intérêt des spécialistes de l’œuvre de Laurent Fauchier. Sa légende tend à être aujourd’hui soumise à une expertise scientifique permettant d’établir un prochain catalogue de son œuvre[1]. Fils d’orfèvre, les archives documentent précisément la carrière de ce peintre fort estimé tout au long de sa carrière et mort brutalement à 29 ans dans sa ville natale d’Aix-en-Provence.
Formé dans l’atelier de Bernardin Mimault de 1654 à 1657, il aurait également rencontré et travaillé en 1657 à Avignon auprès de Pierre Mignard de retour d’Italie. Fauchier est reçu en janvier 1664 maître orfèvre à Aix-en-Provence. Il conduit une double activité de peintre et d’orfèvre et dirige un atelier dans lequel il forme des apprentis tels que le non moins célèbre graveur Jean-Claude Cundier dont les estampes diffuseront et conserveront la mémoire des portraits peints par l’artiste aujourd’hui non localisés. Il commence à peindre les portraits de la noblesse du Parlement de Provence et reçoit en 1671 une commande officielle de soixante-six portraits ainsi qu’un grand portrait collectif pour le décor de la Grand-chambre du Parlement de Provence. Mort prématurément l’année suivante, il n’en exécutera qu’une douzaine car il doit également honorer les commandes qui lui sont adressés par la nobilité aixoise à l’instar du Portrait de Madame de Grignan, fille de Madame de Sévigné en 1672 représentée sous les traits de sainte Marie-Madeleine. Il aurait également peint cinq portraits de Madame de Forbin, dite « La belle du Canet ». Malgré une fortune critique qui établit largement ses mérites, aucune œuvre de l’artiste ne lui est attribuée de manière définitive. Deux portraits de joueurs de luth conservés au Louvre ont été réattribués en 1950 par Charles Sterling ainsi qu’un Portrait du chevalier de la Rose du musée Atger. Mais aucune de ces compositions ne sont signées de la main de l’artiste.
C’est tout l’intérêt du portrait que nous présentons et qui dispose au verso de sa toile d’une inscription ancienne à la plume et à l’encre noire : « Laurent Fauchier, 1660 ». Ce portrait masculin s’inscrit en parfaite concordance avec les caractéristiques stylistes observées par Jean Boyer[2] et Philippe Comte[3] dans leurs travaux publiés sur Fauchier comme l’illustre un autre Portrait d’homme dit Figure de prélat, conservé au musée Granet d’Aix-en-Provence, anciennement conservé dans les collections de la marquise de Gueidan[4]. La palette colorée, la technique du fondu des aplats ainsi que le format et les dimensions de ces deux œuvres sont similaires. Chacune reprend le format ovale sur fond noir duquel émerge une figure à la fois gracieuse et virile. Leur longue chevelure châtain bouclée encadre un visage tourné de trois-quarts gauche aux traits rebondis et animés d’un puissant regard caractérisé par de larges pupilles sombres. Plus encore, l’âge et la position du regard du modèle légèrement vue de dessous concordent avec la date de 1660 indiquée au verso de la toile d’origine et pourrait suggérer qu’il s’agisse d’un autoportrait de l’artiste alors âgé de dix-sept, venant fixer les caractéristiques d’une manière de portraiture qui le conduise au succès.
Laetitia Pierre-Henry
[1][1] Nous renvoyons ici à la notice documentaire rédigée par Madame Pamela Grimaud, conservatrice au musée Granet d’Aix-en-Provence intitulée : Portrait présumé de Madame de Forbin, dite La belle du Canet, attr. à Laurent Fauchier, mai 2022, Aix-en-Provence, musée Granet, documentation du musée.
[2] Jean Boyer, « Peinture et gravure à Aix-en-Provence aux XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles (1530-1690) », Gazette des Beaux-arts, n°78, juillet-septembre 1971, p. 3-187.
[3] Philippe Comte, Catalogue raisonné des peintures, Pau, musée des Beaux-arts, ville de Pau, 1978, n.p.
[4] Laurent Fauchier, Portrait d’homme dit Figure de prélat, huile sur toile, H. 46.5; L. 39 cm, Aix-en-Provence, musée Granet, Inv. 880-1-20.
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