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(Paris, 1833 - Sèvres, 1914)
Joseph Guichard, d’après son autoportrait de 1829, 1851
Fusain sur papier blanc recouvert de feuilles d’or, collé en plein sur papier marouflé sur toile,
59 x 41 cm (vue).
Inscriptions, en haut : JOSEPH GVICHARD. Pictor. ;
à gauche: Pingebat Ab Ipso. / 1829 / […] Suoe. ;
à droite: Delin-Discipvl. / 1851 / F. BRACQVEMOND/ AEtatis 18.
Provenance
Resté chez les descendants de l’artiste jusqu’en 2012.
Bibliographie
– Henry Dérieux, « Joseph Guichard, peintre lyonnais (1806-1880) », Gazette des Beaux-Arts, 1922, p. 181, repr.
– Dominique Brachlianoff dans cat. exp. Les Portraitistes lyonnais (1800-1914), musée des Beaux-Arts, sous le n° 84, p. 148.
– René Chazelle, Joseph Guichard. Peintre lyonnais (1806-1880). Disciple d’Ingres et de Delacroix, Lyon, PUL, 1992, pl. III, p. 21, 78.
Si l’analogie établie par Chazelle avec l’autoportrait d’Ingres à l’âge de vingt-quatre ans ne convainc pas tout à fait tant ce modèle est dénaturé par son exagération, l’influence de la composition de Guichard sur son élève Félix Bracquemond en revanche est incontestable. Repéré par le maître dans l’atelier d’un lithographe, auquel il servait de tâcheron, Bracquemond exécuta à l’âge de dix-huit ans une copie dessinée de l’autoportrait de Guichard, dans une technique et avec des variantes qui en ont changé sensiblement l’esprit. La figure se détache sur le fond or remplaçant désormais le paysage. Si Bracquemond n’a pas totalement renoncé au relief comme le montre l’ombre projetée, la technique monochrome mise en oeuvre et l’archaïsme du fond doré recouvert d’inscriptions latines ont neutralisé l’effet de présence du modèle, et par là même son caractère incongru.
Cet exercice de copie d’interprétation fut, sur le plan tant de la technique que de l’invention, l’expérience qui permit à Bracquemond d’entreprendre l’élaboration plus ambitieuse de son propre autoportrait, exposé au Salon de 18531 (ill. 2). L’harmonie en noir, vert et blanc, le dessin de la main ouverte sur le buste, le couvre-chef, dérivent directement de l’effigie de son maître, et le fond or, de sa copie. Mais, avec plus de respect que ce dernier, le jeune artiste s’est aussi inspiré de l’autoportrait d’Ingres, matrice toujours fertile d’un art de la référence plongeant ses racines dans le siècle de Raphaël. (M.K.)
1. Voir Stephan Wolohojian dans Ingres, Burne-Jones, Whistler, Renoir… La Collection Grenville L. Winthrop, cat. exp., Lyon, musée des Beaux-Arts, 2003, n° 4.
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