• ill. 1. Tato, L’Aeropittore Tato, vers 1930. Tirage argentique. Collection particulière.

Guglielmo Sansoni entame une carrière militaire à l’Académie de Parme d’où il sort officier en 1915 lorsqu’il est appelé au front. Deux ans plus tard, il parvient à publier quelques-uns de ses dessins de guerre. Véritable autodidacte, Sansoni se familiarise tout seul avec les mouvements d’avant-garde du début du XXe siècle. Il s’intéresse particulièrement aux futuristes et organise de sa propre initiative une manifestation futuriste à Noavara en juillet à la sortie de son service militaire à Bologne ; il prend la tête du groupe futuriste de l’Émilie, commence à correspondre intensément avec Marinetti et joue un rôle actif au sein des journaux et revues artistiques. Il organise ses propres funérailles fictives en 1920, enterre « Guglielmo Sansoni » et renaît sous le nom de « Tato Futuriste ». En janvier 1922, la première Exposition d’art futuriste de Bologne est organisée au Teatro Modernissimo. La même année, Tato s’occupe également de la restauration et de la décoration du Castello Douglas Scotti à Vigoleno près de Salsomaggiore. Ses contacts lui permettent de mettre sur pied d’autres Expositions futuristes à Florence et à Turin. Il joue un rôle actif dans l’organisation d’événements visant à promouvoir les formes artistiques futuristes, mais il participe également en tant qu’artiste à d’importantes expositions comme celle organisée par Marinetti en 1924 à Bologne ou dans plusieurs Biennales de Venise à partir de 1926.

À la fin des années 1920, son activité est de plus en plus en phase avec « l’Aeropittura » qui consiste en une déclinaison du futurisme focalisée sur le mythe de la machine, le mouvement, le dynamisme et la vitesse de l’avion. Tato est associé aux différentes expositions européennes consacrées à « l’Aeropittura » : Vienne et Athènes en 1935, Turin en 1938, Rome en 1942, et fait partie des signataires du Manifeste de l’Aéropeinture futuriste en 1929. Auteur d’une autobiographie intitulée Tato RacconTato da Tato en 1941, l’artiste se met régulièrement en scène, principalement avec le médium photographique, en adoptant toutes sortes d’attitudes et d’expressions et en jouant parfois sur des montages mêlant son image et des motifs mécaniques. Pouvant être rapproché des oeuvres datées vers 1930, notre Autoportrait est l’un des rares exemples connus en peinture. Sur une toile très fine, dont certaines parties sont à peine recouvertes, Tato fait se rencontrer deux conceptions de la peinture : une observation naturaliste de la forme de son visage, de ses yeux ronds, et de ses pommettes joufflues – l’essentiel de ce qui caractérise son expression est palpable –, puis un traitement de la surface picturale qui met sur le même plan le fond architecturé par des mouvements colorés, que l’on retrouve dans les peintures aériennes contemporaines, et des éléments de la physionomie fragmentés en triangles. Comme dans les montages photographiques futuristes, les premiers exemples sont dus aux frères Bragaglia, le sujet identifiable est partiellement déconstruit, perturbé ou inscrit dans une temporalité qui réfute la pose immuable spécifique au genre du portrait. (G.P.)

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