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(Noirétable, 1848 – Lyon, 1912)
Autoportrait (Lévigne)
Huile sur toile
73 x 56,5 cm
Exposition
Tassin-la-Demi-Lune, 1998, Théodore Lévigne, L’Atrium, 18-26 septembre, n° 65 (?).
Théodore Lévigne s’est formé auprès des Lyonnais Jean-Pierre Laÿs, Joseph Guichard (cat. 12) et Michel Genod, avant de se rendre à Paris chez Cabanel et chez Gérôme. Mais sa production n’a que peu de rapport avec l’enseignement de ces maîtres, l’élève étant devenu le champion de la scène de genre commerciale, aussi bien citadine que rurale. La nécrologie du Lyon républicain, du 12 novembre 1912, résume assez bien la place que s’est faite l’artiste en écrivant qu’ « il a brossé des milliers et des milliers de toiles avec une insouciance de sa réputation à nulle autre pareille. Lui déniera-t-on le titre d’artiste pour avoir tant produit ? Ceux-là auraient tort, car avant que le peintre devînt l’esclave ou plutôt la victime du struggle for life, Lévigne avait signé des oeuvres non sans mérite. Un Pâturage dans le Charollais lui avait valu une médaille d’or au Salon de Paris en 1885, et semblable récompense lui fut décernée par ses pairs en 1899 à Lyon, où il exposa une pittoresque Sortie de bal des étudiants. [...] La mort est parfois pour le peintre le commencement de la célébrité, cet aphorisme ne semble pas devoir s’appliquer à Th. Lévigne. Mais, plus tard, certaines de ses toiles, les plus rares hélas ! feront peut-être comme le bon beaujolais qu’il aimait tant : elles prendraient de la valeur que cela ne serait pas surprenant » !
Ses autoportraits1, qui tous portent la marque d’une grande sincérité, appartiennent à cette catégorie. Mais celui où il se peint cuirassé comme Rembrandt (Autoportrait de 1634 à la Galerie des Offices), animé par une touche vibrante à la Frans Hals, est tout à fait unique par son effet de présence et de vie, et montre la meilleure part de son talent. Le costume et la facture trahissent d’ailleurs avec une évidente truculence le plaisir de jouer avec sa propre image, et d’exécuter un morceau de bravoure en se faisant « sortir de la toile ». Il y perce d’ailleurs le tempérament d’un artiste qui vit sa peinture avec héroïsme. Après sa participation à la guerre de 1870, blessé à la main gauche, il ne se résout pas à cesser de peindre et pendant plusieurs mois travaille la palette attachée au bras. Notre autoportrait, qui se situe au tournant de 1900, est celui d’un artiste mûr, déjà reconnu par ses contemporains, qui s’inscrit directement dans la tradition des grands maîtres nordiques. (P.B. et M.K.)
1. Deux sont reproduits dans le mémoire inédit de Jacqueline Sauze, 1997, mais sans localisation. Signalons que le tableau vendu à Lyon, chez Chenu, Scrive et Bérard, le 4 décembre 2005, comme un Autoportrait n’en est pas un. Le modèle barbu n’a rien de commun avec la physionomie de l’artiste, et est beaucoup plus âgé que ne l’était Lévigne à sa mort.
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