On ignore tout de Charles Dukes, sinon qu’il est actif à Londres, où il expose à la Royal Academy, de 1829 à 1865, des scènes de genre rutisques dans le même esprit que celles de William Mulready, célébrant les vertus maternelles, les figures de la classe paysanne ou le pittoresque des bohémiens. Son autoportrait ne doit d’ailleurs rien à la grande tradition coloriste des portraitistes anglais. À en juger par son réalisme
mesuré et par l’absence de toute recherche de virtuosité, sa formation a suivi l’exemple d’un David Wilkie, le peintre de genre à la popularité considérable, plutôt que celui d’un Lawrence.

Si Dukes n’a pas cherché la fantaisie dans son autoportrait, et opte pour une composition conventionnelle en buste dans un intérieur indéterminé, l’attitude du personnage intrigue par sa manière de se dérober, en évitant toute frontalité. Le buste est vu de profil, dissimulé sous un ample cape coat auquel se superpose par-devant un épais drapé sombre, dont la fonction ne se laisse pas deviner, pas plus que la manière dont il est maintenu. Il forme en tout cas une protection. La tête tournée de trois quarts, l’artiste observe le spectateur d’un air circonspect, et ne dénote pas une personnalité communicative. La représentation est intime, dépourvue de toute référence au métier, et la posture donne l’impression d’un homme qui n’a pas l’air de vouloir s’exposer longtemps. S’il a conduit sa carrière comme il se représente, il n’est pas surprenant que Dukes nous échappe aujourd’hui. L’économie de la touche dans le traitement du visage, le pinceau large dans le costume, le contraste entre le fond d’un vert glauque largement frotté et les chairs vermeilles d’un visage habitué au grand air, démontrent un art parfaitement maîtrisé. (M.K.)

 

 

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