Ce petit-fils du sculpteur bruxellois Laurent Delvaux a été l’un des espoirs de l’école belge du début du XIXe siècle, avant de mourir prématurément, victime d’un crime crapuleux en Italie. Le discours prononcé en son honneur à Paris le 8 septembre 1806 par son compatriote Charles van Hulthem, alors membre du Tribunat, à l’occasion de la remise du grand prix de peinture de l’académie de Gand au jeune artiste, résume à peu près tout ce qu’il est possible de dire de ses origines et de sa formation : «vous devez à votre père, ci-devant secrétaire au conseil de Brabant, la bonne éducation que vous avez reçue ; à votre grand-père, Laurent Delvaux, natif de Gand, sculpteur renommé, dont les travaux ornent nos temples et nos palais, l’exemple et le modèle ; à votre illustre maître, M. André Lens, peintre d’histoire à Bruxelles, correspondant de l’Institut national, les leçons qui vous ont fait avancer dans la carrière des arts (1). » Le lauréat vécut à cette occasion son moment de gloire, le banquet qui l’honorait réunissant toute la communauté artistique belge de Paris (Van Dael, les frères Van Spaendonck, les frères Redouté, J.-B. Duvivier, J.-L. Demarne, J.-F. Ducq, F. Kinson, Van den Berghe, J. Paelinck, etc.). La capitale de l’Empire fut par ailleurs pour lui, comme pour tous les élèves en art des nations annexées par la France, une étape cruciale de sa formation, la découverte du musée Napoléon le préparant au Grand Tour.

 

Delvaux se rend à Rome en 1810. Malgré sa formation de peintre d’histoire, ce sont des scènes de genre que lui inspire la découverte de la cité, l’artiste manifestant une curiosité particulière pour l’envers du décor : catacombes, souterrains, galeries, cloîtres. Contrairement à Granet qui partage le même goût pour l’éclairage pittoresque des lieux austères, l’intérêt de Delvaux ne semble pas s’étendre aux ruines ni à la nature. On signale qu’il enrichit parfois ses intérieurs de sujets historiques, tel L’Intérieur du vestibule souterrain du château Saint-Ange, aujourd’hui non localisé, dans lequel il plaça « la belle Cenci, condamnée à perdre la tête pour parricide, sous le pontificat de Paul V, qu’on voit marcher lentement au supplice précédée par les confrères de la Miséricorde, tenant des cierges allumés ; l’infortunée en habit fort simple, la tête penchée sur un crucifix, marche entre deux soldats (2). » De retour à Bruxelles en 1811, il continua à peindre des tableaux de genre romains, avant de retourner en Italie en 1814 pour un séjour qui devait s’achever dans des conditions tragiques l’année suivante, lorsque, dans une auberge de Bologne, le peintre est empoisonné pour mieux être détroussé.

 

 

Nouvel ajout au catalogue très restreint de ses œuvres, si notre Vue d’une cour prise sous une loggia en Italie caractérise bien son goût pour le thème de la clôture, elle montre que sa vision n’est pas pour autant mélancolique, comme peut l’être celle de Granet. Le peintre place le rapport entre l’architecture et le paysage sous le signe de la lumière, les figures d’agrément qui animent le lieu, les termes antiques qui le décorent, trahissant bien son caractère fantaisiste. Il est intéressant enfin de signaler, comme une curiosité rare dans son exclusivité, le choix du support : à l’exception de deux grands tableaux religieux, Delvaux n’a peint que sur panneau. (M.K.)


1. Nouvelles des arts, V, an XIV – 1805, p. 330. On ne dispose sur l’artiste que d’une notice biographique de Michèle Populaire, dans D. Coekelberghs et P. Loze (dir.), 1770-1830. Autour du Néo-classicisme en Belgique, cat. exp. Bruxelles, musée communal d’Ixelles, 1985, p. 202-203, suivie d’un étude d’Alain Jacobs, «Les dessins de Ferdinand-Marie Delvaux aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique : l'analyse de l’œuvre graphique du peintre et premier essai de catalogue raisonné », dans Bulletins des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, 1992-1993/1, p. 97-125.

2. Catalogue de la vente après décès de François Huyttens, Gand, 14 juillet 1819, lot 147, p. 20-21.

 

 

 

 

 

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