Wilhelm Freddie

Bien informé de l’actualité artistique, à partir de 1947, Freddie vit entre Stockholm et Copenhague et travaille pendant deux ans comme décorateur pour le maroquinier Leo Jørgensen. En parallèle, André Breton l’invite à participer à l’Exposition internationale du Surréalisme de l’été 1947 (galerie Maeght, Paris). L’occasion de rencontrer de nombreux artistes et de nouer une amitié avec Victor Brauner, dont il retient les formes simplifiées traitées en aplats. Son activité artistique entremêle alors la peinture, les décors ou aménagements d’espaces, la réalisation de films et l’organisation d’événements ou d’expositions… Freddie abandonne progressivement sa facture dalinienne des années 1930 et réalise, comme dans notre tableau, des compositions beaucoup plus synthétiques où les corps sont stylisés et géométrisés, brouillant ainsi les limites entre le mannequin et l’humain. Figuration est daté de juin 1947 soit quelques jours avant l’ouverture de l’exposition surréaliste parisienne. Le peintre organise son motif comme une installation spatialisée combinant des éléments de mobilier (aplats jaunes), des éléments structurels d’un décor et des morceaux d’anatomie désarticulés suspendus. Cette scénographie évoque les dispositifs inventés par Frederick Kiesler – formes découpées accrochées au plafond – qu’il utilise dans l’Exposition internationale de 1947 et dont Freddie s’inspire sans nul doute pour réaliser la même année un décor pour le « Magasin du Nord » à Copenhague (ill.1). Il prolonge ainsi ses recherches sur l’exhibition des corps entamées en 1945 à Stockholm lorsqu’il intervenait dans des vitrines de magasin. (G.P.)