Exposition d'une quarantaine de dessins et peintures choisis
parmi les oeuvres que nous avons acquises en 2016.

 

Du 8 décembre 2016 au 4 mars 2017
Galerie Michel Descours 44 rue Auguste-Comte 69002 LYON


Adolphe APPIAN, BALTHUS, Louis BÉLANGER, Frédéric BENRATH, Oskar BERGMAN, Thomas BLANCHET, Felice BOSELLI, Jorge CAMACHO, Jean-Baptiste CHATIGNY, Antoine CHINTREUIL, Louis CRETEY, Jean DARET, Adrien DASSIER, Jean DUBUFFET, Wilhelm FREDDIE, Guillaume GUILLON LETHIÈRE, Philippe-Auguste HENNEQUIN, Paul HUET, Louis JANMOT, Louis LAFITTE, Bengt LINDSTRÖM, Albert MARQUET, Jean-Baptiste OUDRY, Jacques Augustin PAJOU, Giovanni Paolo PANINI, Léon POURTAU, Pierre PUVIS DE CHAVANNES, Jean RAINE, Guy ROUSSILLE, Alberto SAVINIO, Jean-Claude SILBERMANN, Fabien VAN RISAMBURGH, Claude Joseph VERNET, Joseph WRIGHT OF DERBY

 

AVANT PROPOS DU CATALOGUE
 

La participation de la galerie à la dernière édition de la Biennale des Antiquaire, en septembre dernier, a quelques peu bousculé son programme habituel : Varia s’est déplacé de la fête du quartier Auguste Comte – Tapis Rouge – à la fête des Lumières. Ceux qui nous ont rendu visite au Grand Palais reconnaîtront dans les pages qui suivent certaines des acquisitions récentes que nous y avons présentées en avant-première, et parmi elles quatre tableaux remarquables du  dix-huitième siècle européen. Le monumental Pigeonnier de Felice Boselli, sans conteste le chef d’œuvre de ce peintre parmesan, a captivé le public et provoqué des réactions allant de la fascination admirative à la fascination inquiète : “A bit Hitchcock, no?” écrivait l’Architectural Digest dans sa revue du salon[i] ! De fait, l’œuvre est à l’évidence beaucoup plus qu’une composition décorative, la comédie aviaire qui s’y joue décline tous les états de la condition humaine. Loin de toute complaisance, l’artiste a démontré que son talent de peintre animalier valait bien celui d’un peintre d’histoire et a imaginé un pigeonnier en manière de Jugement dernier. C’est aussi au travers du répertoire animalier qu’Oudry démontre ses facultés d’invention, mais son génie est tout autre, sa virtuosité est aussi retenue et raffinée que celle de Boselli est énergique et débridée. La Nature morte à la mésange, aux souris, aux noix, aux insectes et au vase de jasmins est un exercice d’harmonie en gris d’une délicatesse exquise. Dans le genre du paysage, Joseph Vernet et Wright of Derby sont représentés chacun par une œuvre qui concentre l’essence de leur talent. Le Naufrage près d’une côte rocheuse du premier est l’archétype du tableau sublime qui déclenchait la logorrhée extatique de Diderot, admirateur inconditionnel de ce « grand magicien ». Wright aussi était l’interprète des évènements de l’air et de la lumière : le sensationnel chez lui advient dans une campagne toscane chère à ses compatriotes Grands Tourists, sublimée par les derniers feux du soleil couchant que filtrent les nuages au-dessus des coupoles de Florence.

Si, du dix-septième siècle, les amateurs reconnaitront les Pélerins d’Emmaüs désormais bien connus de Louis Cretey, la Scène de bataille de Jean Daret et la Vierge à l’Enfant dans un paysage d’Adrien Dassier sont des découvertes que nous sommes d’autant plus heureux de leur proposer qu’elles sont parmi les plus belles réussites de ces artistes. Comme le signale Jane MacAvock dans sa notice, les œuvres profanes aujourd’hui connues de Daret sont rares et le tableau que nous présentons démontre que le peintre fut autrement plus inventif et audacieux dans ce registre que dans ses œuvres sacrées. Dassier est un peintre qui nous surprend un peu plus à chaque découverte : trahissant un dialogue avec l’art antique autant qu’avec les sculpteurs contemporains, la Vierge à l’Enfant dévoile la veine italianisante d’un artiste qui fut en même temps poussiniste et Flamands. Il n’y a pas de plus grande satisfaction que de trouver une œuvre intouchée depuis sa création, conservée dans son cadre d’origine, et de redécouvrir, à la faveur de l’enlèvement d’un vernis de trois siècles et demi, une peinture intacte, d’une grande solidité de couleur, et, de surcroit, d’une remarquable beauté plastique, par un peintre presque ignoré.

Le dix-neuvième siècle nous a réservé des trouvailles du même ordre. Parmi les maîtres de second plan qui nous ont procuré quelque ravissement, le Portrait d’un demi-solde par le peintre dilettante Fabien Van Risamburg, dont la barbe et la chevelure nous semble un séduisant clin-d ’œil à l’air du temps, ainsi que l’Ascanio de Chatigny, provenant d’un château de la région lyonnaise dont il n’était vraisemblablement jamais sorti depuis le Second Empire, à en juger par la poussière accumulée et les toiles d’araignée. Un nettoyage a rendu toute sa brillance à ce tableau d’histoire post-troubadour peint sous l’influence de Thomas Couture. À la différence de ces deux maîtres, les tableaux de Pajou fils et de Huet nous semblent d’importance nationale. Le premier parce qu’il se rattache à un lieu du culte de Marie Antoinette, la chapelle expiatoire de la Conciergerie, le second parce qu’il prépare l’un des tableaux fondateurs du paysage romantique, la Vue générale de Rouen prise du Mont aux Malades, aujourd’hui conservé au musée des Beaux-Arts de Rouen.

Le surréalisme et le mouvement CoBrA, ces deux axes de la programmation moderne de la galerie, dominent naturellement le vingtième siècle avec des artistes qui sont désormais des familiers : Raine, Freddie, Camacho, Silbermann. Mais comment ne pas citer aussi l’étude pour La Chambre de Balthus, icône de la peinture française du XXe siècle,  ou ce solitaire méconnu qu’est Benrath, auquel Pierre Wat vient de consacrer un magnifique livre et dont la singularité mériterait d’être mieux inscrite dans l’histoire de l’abstraction.

Cette nouvelle édition de Varia n’est pas commencée que la suivante se prépare déjà. Notre  galerie fondée il y a quarante ans poursuit son évolution et son rythme s’accélère, avec, l’an prochain, une participation accrue aux grands rendez-vous du marché de l’art international : la galerie participera pour la première fois à la Tefaf Maastrich, au Salon du dessin, à Art Paris. Dans ce monde en mutation du début du vingt-et-unième siècle, il n’y a pas d’autre façon de vivre pour ceux que la passion de l’art anime que de s’ouvrir.

Michel Descours

 


[i] http://www.architecturaldigest.com/gallery/biennale-des-antiquaires-what-to-see-at-pariss-most-anticipated-art-and-antiques-fair/all.

Réduire

Lire la suite